Faut-il marchandiser l’éducation nationale ?

J’ai eu envie d’écrire ces quelques lignes en réaction à la bienveillance de plus en plus accordée par le ministère envers des systèmes marchands au détriment du libre. Bienveillance ouvrant ainsi les portes à l’idée que l’enseignement et l’éducation pourraient être un marché comme les autres dans lequel il est possible de prendre des parts au risque de remettre en cause les principes même de liberté et d’indépendance. Le mise en place des ENT est coûteuse, certes, les systèmes proposés ne sont pas toujours à la hauteur de ce que l’on pourrait en attendre, on peut l’entendre, mais en contrepartie de ces constats il y a l’indépendance et la liberté. Plus important encore, le choix opéré a une influence considérable sur la qualité de l’éducation. En effet, comment peut-on continuer à apprendre aux élèves à protéger leurs données personnelles, à soigner leur identité numérique… quand l’institution fait le choix d’ouvrir tout grand les portes des opérateurs que la CNIL ne cesse de rappeler à l’ordre, justement pour leur fâcheuse tendance à ne pas respecter les règles à ce niveau ? Par ailleurs, sur le plan économique cette stratégie d’ouverture ne fait qu’amplifier encore le position dominante de quelques sociétés dont la puissance dépasse aujourd’hui assez largement celle de bon nombre de pays, puissance marquée par une capacité à racheter et absorber et si nécessaire à délocaliser tout ce qui se qui se fait de bien sur la planète et dont on perd le contrôle et les retombées, puissance qui n’est pas très ouverte à la contribution à l’intérêt général en terme de fiscalisation. Je m’interroge aussi sur les risques, sans doute encore difficiles à mesurer, au niveau de l’éthique et j’en veux pour preuve les recherches faites par certaines de ces entreprises planétaires dans le domaine de l’intelligence artificielle capable de générer elle-même de l’intelligence artificielle ; certes mon propos n’est pas de dénoncer ces recherches, mais bien d’interroger le système sur le fait qu’ici la maîtrise des risques échappe aux gouvernements de pays qui ne peuvent que subir. La gestion de la planète peut-elle être confiée sans risques aux puissants, y compris pour des domaines qui touchent directement à l’avenir de l’humanité ?

Pour étayer mes propos voici quelques liens sur des faits récents qui nourrissent mon questionnement quant aux choix stratégiques qui tendent à se développer :